La grande maison : la pièce à côté

Mon dos heurte durement le plancher. Encore une saccade, encore une secousse qui brise mon élan. Encore un report de l’apogée.

Elle reprend doucement, comme si rien ne c’était passé, comme si nous étions simplement allongé sur le lit d’une cabine du Pacific Princess. Je la contemple en train de dessiner des arabesques compliquées avec ses hanches. Bougeant le moins possibles, je la laisse un moment prendre les rênes de nos jouissances. Je pose mes mains sur ses genoux repliés et accompagne les spasmes légers de son corps par des caresses éthérées sur la peau moite de ses cuisses.

Son buste cambré tend ses seins conquérants vers moi. Ma tête s’y enfouit, dégustant la vallée de plaisirs qui les sépare, puis, alpiniste audacieux, entreprend de faire l’ascension de l’un des deux, bien décidée d’en atteindre le point culminant.

Tu avais vu à quelle point elle était belle ?

Sa mobilité m'irrite... sa langue me brûle... sa fougue me manque... je vais exploser non pas de jouissance mais de frustration... j'ai besoin de lui tout entier, avide et tendre, sportif et doux.

Grognement rageur. Ongles qui s'enfoncent dans la chair de son torse.

Remontée... glissade plus brutale... contraction...

Kristoff... vient... bordel... vient !

Ses ongles me griffent, percent la bulle de contemplation dans laquelle elle m’avait plongé.

Tout ressurgit, elle, son ventre contracté autour de moi, ses seins arrogants que je dévore à grandes bouchées. Mon corps ne m’obéit plus, je voudrai tarder, attendre y passer toute la nuit et la journée qui suit, jouir jouir jouir mais pas tout de suite.

Mais déjà il a repris sa sarabande insensée. Mes bras remontent dans son dos et mes doigts s’emparent de ses cheveux que j’empoigne fermement. Je me sens battre en elle, à chaque mouvement, mon cœur n’est pas dans ma poitrine, mais niché au fond de ce nid rouge sang. Je me fais plus fort, plus brutal peut-être que je ne le voudrai.

Des spasmes annonciateurs, je tremble, comme une crise de palu multipliée par cent mille, une fièvre irrépressible. Plus rien ne pourra me retenir.

Ma respiration et brûlante et le parfum de son intimité m’envahit, mais il est trop tard pour choisir de le boire. Il est trop tard car je ne me freine plus.

L’accélération me semble sans fin, je la veux, je veux… en elle… maintenant… maintenant…

Mes yeux la supplient, vient Kheira, vient… J’ai besoin de toi.

J'arrive... J'arrive...

Maintenant... oui... lui... moi... ensemble... partageant... offrant... donnant... fusionnant entièrement... oui...

sa poigne ferme... je râle...

Cette chevauchée impitoyable, épuisante... je le suis sans limite, jusqu'au bout, jusqu'au plus profond de moi-même. Il me rend dingue. A ce rythme là c'est le plancher qui va cédez sous notre sarabande indomptable.

Les flots du plaisir déchainés reviennent à coup de ressacs violents, me font trembler, frémir, gémir... plus de freins... impossible cette fois... même un tremblement de terre ne nous empêchera pas d'exploser de volupté ensemble.

Je me cambre, mes cuisses raidis enserrent telle un étau son bassin devenu fou... je ne me contrôle plus... je perds pieds.... plus que lui et moi et cette explosion lumineuse qui me secoue de haut en bas, et me fait hurler son nom d'une voix sourde, éraillée, à bout de souffle.

Oui... oui... lâche toi... Kristoff... MAINTENANT !

L’éclair est fulgurant. Je m’immobilise un quart de second et dans un pénultième mouvement du bassin, je coulisse de tout mon long en elle, et…
BANG !
J’exulte, j’explose en elle, toutes mes tensions se libèrent. Je me tends, dur et chaud, tout autour et en elle. Je le serre à l’écraser, je sens ses jambes en tenailles autour de moi, mi se pressent.

Mes yeux dans les siens, bien en face…

« je… »

Mais je réalise. Il y a eu un coup de feu. Non, plusieurs. Dehors. On se canarde dehors.

« Kheira… vite… »

Tout les filtres de mon être le sentent se tendre de tous ses mulcles, exploser et il ne me manquait plus que ça pour qu'à mon tour je me perde, exulte, me laisse submerger entière par le poids de la jouissance.

Enserrée dans l'étau de ses bras, pantelante, vidée, je me laisse coulée contre lui lorsque soudain ses paroles me rappelle que mon esprit le temps de quelques secondes de lucidité à capter un son que je n'aime pas. Le bruit d'un tir. Un bang sonore qui a traversé le mur et les fenêtre de la grande maison.

Je tremble dépuisement mais aussi de peur. Ca est arrivé... et ça ne peut qu'être au festin, là ou tout le monde s'était regroupé.

Difficilement, courbaturé, les muscles criant grâce, je me laisse rouler sur le côté quittant la chaleur rassurante et ennivrante de kristoff.

Le temps de reprendre mon souffle, mes esprits. J'attrappe sa main et mes doigts s'enlacent aux sien.

Kristoff... il se passe quelque chose la bas... il faut y aller, les aider... Graceella s'y trouve, je ne peux pas la laisser et votre patron...

Ma voix se bloque dans ma gorge. Pourvu qu'ils soient encore en vie.

Cette pensée me redonne un sursaut d'énergie, et je me lève d'un bond, passe derrière le paravent, pour enfiler une nouvelle tunique propre. Tant pis si je sens le fauve...

Kristoff... vite... venez... ça presse...

Un cliquet interne vient de s'abaisser. Plus d'effusion, plus de tendresse, plus d'intimité.
Mode urgence. Guerre




Tarzan tu connais ?

Et bien ce n’est pas moi. Je ne suis pas du genre à me jeter tête baissée dans la mêlée. J’ai vu trop de têtes brûlées se faire dégommer à leur première sortie par excès de bravoure. Le courage n’est pas inutile, mais la guerre, c’est pas une affaire de chevalier, y a pas de règles ni de loi. Celui qui est mort a perdu.
Des fringues, rapidos, et le gros jouet en ferraille qui crache des pralines de 45.
Tout en descendant prudemment les marches, j’essaye au mieux d’évaluer la situation. Où sont les gens à protéger, les planques et les points forts du terrain et surtout… localiser l’ennemi.

Le desert eagle est armé et la moindre caresse sur la détente ouvrira la danse. Kheira… derrière moi. Rick… il est où le bleu ? Zallez pas me l’abimer hein !

Position réglementaire, bras cassé, canon vers le haut. En avant mon gars. Prouve à tes instructeurs que malgré l’âge t’as gardé tes réflexes intacts. Observe, pas de faux mouvement, pas de précipitation. L’ennemi est toujours dans ton ombre.
[vers le festin, avec Kheira derrière ?]