La Bibliothèque

Une porte imposante, la pousser la rend grinçante...la regarder la rend vibrante...
Seule au fond du long couloir du second étage, aucune porte voisine, la peur de
la proximité peut être...

Et pourtant, ce qui se trouve à l'intérieur éveille les passions. Cette Salle accueille
le savoir des hommes, leurs pensées, leurs lois, leurs vies, leurs histoires.

Derrière cette porte se trouve la Bibliothèque, sans doute la plus grande pièce du manoir, circulaire et mystérieuse.
La pièce est sombre, les rares sources de lumières sont les bougies posées à différents
endroits. De longs couloirs de livres soigneusement rangés sur des étagères, la poussière
est leur amie la plus fidèle.

Difficile de déchiffrer les livres qui s'y trouvent, tant de langues s'y mélangent,
se cottoient.

Un seul bureau trône au milieu de tout cet étalage de culture, petit, sans grand intérêt
apparent.

Une lampe de chevet, un plumier, une plume d'aigle posée sur celui-ci. Quelques documents
se baladent également, une bougie où la cire fondue et la mèche noircie témoignent de son
utilisation ancienne. Des parchemins vierges de part et d'autres...Bref un vrai foutoir.

A signaler que le nombre de fenêtres est très vite identifier, il n'en existe qu'une, d'où
émanent une lumière étrange lorsque l'on l'aperçoit de l'exterieur la nuit tombée.
Cette lueur si forte au dehors et pourtant une quasi obscurité règne dans cette pièce.

George Nombre de messages : 148 Date d'inscription : 21/07/2005

Avalone sortait de salle commune, se retrouvant dans le hall, étonné de ne pas avoir pris une pierre sur la tête, il s’arrêta au son d’une voix…

APPORTEZ MOI AVALONE !

Avalone, insolent ! Tu as su répondre juste au défi que je t'ai lancé et tu mérites ma clémence. Je t'offre d'exaucer n'importe lequel de tes vœux.

…

Surpris du mépris de celui qui beuglait encore, à mon intention, je lorgnais l’alentour et comme toujours pas d’hôte, seule sa voix lourde et résonnante, mais aussi perce-oreille, se dissipant dans tout le manoir en variations pitoyables.

Un vœu… Et puis quoi encore, j’ai tout ce qu’il me convient déjà, malgré et envers tout et surtout la baraque, j’admets d’un certain embarras, que les murs me fendent le crane et que les bosses m’ennuient…

Je sentais encore une tromperie me filer droit dans le nez…

- Eh… Oh… L’hôte de mauvaise augure… !

- Oui… Toi, la grande fourragère qui s'excite à vouloir m’user les corneilles..

J’attendais la réponse, si réponse, il y avait, quand une main, de derrière mon dos, vint me titiller le haut de l’épaule…

Yassinda et son air affiché, frôlait la crise d’hystérie, que l’autre pivoine au rire de Hyène, avait attisé, se trouvait derrière moi, prête à crépiter.

Pas de réponse… Celui-la est sourd, maintenant !

Gueulant de plus bel :

- Je ne suis pas à vendre, mon cher hôte et rien n’empêchera ma liberté…

De colère, j’attrapais la main de Yassinda et l’entraînais derrière moi ; elle, jouant du planeur et moi, ferment décidé à y voir plus clair dans cet hôte trouble…

De couloirs en escaliers, nous arrivions devant une nouvelle porte et sans plus de questionnement, j’entrais sans frapper, dans ce qui était, de prime abord, une immense bibliothèque…

La voix de l'Hôte passa et se faufila entre les convives en longeant les couloirs depuis le pendule de la salle commune jusqu'aux oreilles d'Avalone.

On ne répond pas de la sorte à l'Hôte du Manoir !

Qu'il en soit ainsi, tu aime trop regarder ses jolies femmes pour que je ne te prive pas de ta vue.

Avalone perdait ainsi sa vue, piégé comme un rat dans le manoir.

Espiegle Nombre de messages : 137 Date d'inscription : 26/06/2005

Un coup de vent, une silhouette, la main libre de Yassinda est tiré vers l'avant... Muette par les évènements, elle se laisse guider par Avalone dans les dédales du manoir, montant les escaliers, contournant les murs pour finalement arriver dans une immense salle circulaire.

Yassinda est folle de rage, son nez saigne toujours, elle ne comprend toujours rien et maintenant Avalone qui l'enferme dans cette pièce. La gifle arrive rapidement, laissant une marque bien rouge sur la joue de l'homme. Elle s'apprête à hurler sa fureur quand elle s'arrête net.

«oh c'est joli ici...»

Ses yeux font le tour de la salle, Yassinda est éblouie par tant de savoir. Une vieille collection de livres portant sur l'art du combat retient toute son attention, puis elle saute rapidement vers une autre étagère et feuillette un ouvrage sur la torture.

Yassinda sort de sa ceinture un petit mirroir ou elle inspecte son nez, celui-ci a arrêté de saigner, elle nettoie rapidement le sang seché.

D'une humeur toujours massacrante, elle se retourne vers Avalone:

«Pourquoi m'avoir amené ici, je ne vois...»

On ne répond pas de la sorte à l'Hôte du Manoir !

La voix s'est infiltré dans la pièce avec la force d'une bourrasque et lui glace le sang... Elle porte sur l'homme un regard inquiet.

«Il blague.. tu n'es pas vraiment aveugle...hein?»
[/b]

Le pauvre aveugle ne put qu'entendre le crépitement d'un parchemin en train de brûler...

George Nombre de messages : 148 Date d'inscription : 21/07/2005

Aïeeeeeee…….

Mais pourquoi, Princesse, vous aviez l’air désappointé de la jeune fille devant son premier amant… Et puis, le grand prolixe me hérisse les poils et c’est d’un emportement passager que je vous ai entraîné ici.

- Il n’était pas nécessaire de me remercier de la sorte, ne trouvez-vous pas le manoir suffisamment agressif, pour ajouter votre touche si… personnelle ?

Votre nez saigne délicieusement… Ah non, c’est pas mon rp…

Je regardais la donzelle furieuse, qui soudainement, passa d’un état austère à un autre, tout à fait frivole, s’émerveillant sur la panoplie d’ouvrages qui couronnait les murs, cette jeune personne m’intriguait et majorait d’un charme les péripéties du lieux… En d’autre circonstances, j’aurais certes, profité et abusé de la situation, mais ici, je devais trouvais le vilain qui se jouait de nous.

On ne répond pas de la sorte à l'Hôte du Manoir !

Qu'il en soit ainsi, tu aime trop regarder ses jolies femmes pour que je ne te prive pas de ta vue.

Encore celui-la !!!

- Princesse ?

Ne vous inquiétez pas outre mesure, je vais allumer une bougie, de ce pas… Dis-je...

Je tâtonnais à nouveau, le noir, décidément, ne me plaisait guère… j’avançais en nocturnes enjambées et essayais d’agripper une bougie, me faufilant contre un mur, me butant comme aux habitudes du lieux, contre divers objets et enfin, je me cognais le front sur un chandelier salutaire.
Je grattais une allumette sur ma semelle, une deuxième, encore une et ainsi de suite, jusqu’à vider ma réserve.

L’humidité des vieilles bicoques, certainement… Je demandais une allumette de charité à Yassinda, lorsqu’un crépitement n’attira pas mon attention.

Espiegle Nombre de messages : 137 Date d'inscription : 26/06/2005

Songeuse elle regarde le pauvre homme qui ne comprend pas... Le parchemin s'est enflammé, elle hésite...

«La lumière ne s'est point éteinte... C'est toi qui ne voit plus rien... Tu as entendu l'hôte... »

Sa voix se fait dure.

«Tu es aveugle!»

Yassinda saisit une allumette qu'elle craque, puis la dépose dans les mains d'Avalone.

«Tu vois... enfin façon de parler... Elle est allumée, ta peau qui brûle en est la preuve!»

George Nombre de messages : 148 Date d'inscription : 21/07/2005

«La lumière ne s'est point éteinte... C'est toi qui ne voit plus rien... Tu as entendu l'hôte... »

«Tu es aveugle!»

...

- Non, je n’y crois pas… Princesse vous êtes taquine de vos gifles et espiègle de vos amuseries !

…

Mais lorsqu’il sentit la brûlure au creux de sa main, le doute s’empara d’Avalone…

D’abords, il arracha les allumettes de la main de Yassinda, les alluma toutes, sans exception, mais aucune lumière ne vint tâter sa rétine, pourtant, la chaleur était la…

Avalone se sentait brusquement dépourvu, perdu dans le vague, vulnérable, il se sentait impuissant devant cette sorcellerie, il avait défié l’hôte, celui-ci lui rendait sa défiance par la nuit éternelle.

Il était envahi de sentiments étranges, mêlant la peur à l’effroi, l’impossibilité à l’inutile, il sombrait peu à peu dans l’abattement, vaincu par le manoir.
Projeté dans le noir, les démons de son passé ressurgir, ils n’étaient plus tapis, le ténébreux était leur domaine et ils s’adonnaient à leur haine.

Saisi de peur, Avalone se précipita n’importe où, peu lui importait, il cherchait une issue, vaine tentative, il se heurta aux crédences, aux chaises mal disposées, aux canapés de liseur, se blessant brutalement, par les circonstances aux les murs, s’accrochant à ce qu’il ne pouvait distinguer, la littérature s’abattait sur lui, dans une chute désespérée, il s’écroula sur le sol en tapis douillés.

Se raccrochant où ses mains l’emmenaient, prenant appui sur une chaise pailleuse, il se releva peu vaillant, chancelant du vide, la colère la, forte, prête à jaillir, maudissant l’hôte qui le privait du meilleur sens, il pris la chaise et l’envoya de son néant, s’écraser sur un mur.
De ce geste, il appelait de l’aide, quelqu’un pour soutenir son impuissance, pour l’aider un peu, mais les démons, eux étaient la, le forçant en douleur, l’enserrant de leurs griffes acerbes et en heurts.

De colères injurieuses, épuisé de faiblesse, il s’effondrait en larmes de brume…

Espiegle Nombre de messages : 137 Date d'inscription : 26/06/2005

« Il souffre… N'êtes-vous pas content? Non… Évidemment…»

Marmonne-t-elle le ton morne en regardant d'un œil austère la scène qui s'offre à elle.

Malgré les cris, les lamentations, la souffrance, son visage reste impassible, seul un léger froncement de sourcil exprime son dégoût face à la situation. Son cœur se serre et elle a honte… Elle a le choix certainement, mais choisir entre vanité et compassion, entre curiosité et sagesse, entre pouvoir et faiblesse... Rien ne l'oblige à le faire… Avalone est un inconnu, elle ne sait rien de lui.

Yassinda en a assez, elle doit se décider. Elle détourne le regard qui se pose de lui-même sur les cendres jonchant l'épais tapis.

«Laisse-moi t'aider… »

Avalone est misérable, il s'est blessé à plusieurs endroits… Yassinda s'approche lentement puis se penche sur lui, elle pose une main sur son épaule, de l'autre, elle essuie ses joues humides. Elle le fixe longuement… Déjà tant de souffrances…

«Relève toi… Je suis sure que le sort est révocable… Garde espoir.»

En tirant sur ses épaules, la jeune femme remet sur ses pieds l'affligé. Il tremble, elle lui saisit les mains, elle tremble aussi.

« Je vais prendre soins de toi… N'ai plus peur…»

Elle lui souffle délicatement ces paroles tout près de son oreille en lui caressant le dos de manière rassurante. Avalone n'entend que la voix mélodieuse et douce, il ne distingue que la gentillesse qui perce dans les mots de Yassinda… Il ne voit pas l'expression décidée de son visage, ni son regard glacial.

George Nombre de messages : 148 Date d'inscription : 21/07/2005

Avalone l’effronté, par sa provocation, avait soulevé la colère de l’hôte, sa punition était terrible, de la sentence cruelle, son sens obscurci le laissait abattu et sans ressource, il savait que nulle forfanterie ne lui servirait et qu’il était seul, dans l’obscurité infinie.
Il venait de trébucher sur l’hostilité d’un personnage au pouvoir puissant, maître du manoir, d’un refus de se plier, il se retrouvait aveuglé.

…

En prise à l’emportement malheureux, j’étais partagé entre haine et dégoût, le sort lancé était vicieux comme l’était chaque instant passé dans ce manoir, notre hôte joue avec nous, se joue de nous, manipule la frayeur avec sarcasme et vice, amenant la terreur dans nos esprits.

Je ne vois rien, je ne suis rien. Né du rien, je retourne au rien. Ma main levée devant moi, les doigts en panaches tremblants nerveusement, cherchaient un espoir en avant, mais aussi la belle, que j’avais entraîné en chaperon.

D’un réconfort de ses mains, posées sur mes épaules, fortement, elle me releva, pantin à sa merci, j’acceptais l’aide, réprimant fierté et besogneux, chancelant un peu.

« Je vais prendre soins de toi… N'ai plus peur…»

Ses mots chuchotés au creux de mon oreille, expiraient un peu l’espoir d’un réveil, dans le noir plongé, la douceur de sa voix, de ses mots en carquois, me rassuraient de l’émoi, mais la peur volatilité, diffuse et libre, restait la, subtile.
Sa main caressante, offrait délicatesse et tendrement, je sentais un peu, l’espoir renaître de l’effroi, elle avait essuyé une larme de vain, d’un geste simple et sans craindre.

Je la savais douce de cet instant, narquoise et fugace de ses gentillesses, je la connaissais, de l’obscurité, mes sens autres, devenaient plus aiguisés et je soulignais dans sa mélodie rassurante, la frondeuse en cache. Peu m’importait, l’hôte était la et je devais être aidé à préparer la confrontation inévitable.

Debout coté à cote, nous étions un, par la situation, une mèche de ma chevelure, longue et noir, s’échappa pour glisser sur mon œil, gêne, il y a peu, me rappelant la cécité, maintenant.

Je posais un bras autour de ma béquille proposée, enlaçant et recouvrant de ma cape ses épaules menues.
La chaleur partagée, consolation d’un guet, nos joues se frôlaient sans piège déjoué, sans volonté cachée, je me laissais chavirer par une douceur délicate et tiède, fraîche un moment et chaleureuse un autre, nous attisions de nos chancellements, des braises charnelles, bateau en quête d’un océan sans Cap, Yassinda enflammait mes sens, sans défense.

Je ne savais pas comment œuvrer, le souvenir laconique de la bibliothèque, laissait peu de clairvoyance et je devais me fier aux yeux de celle qui m’assurait. Avançant, guidé, je trébuchais sur un objet, Yassinda retenue ma chute, cette fois et sans fait exprès, ma main s’accrocha à son cou, tirant un peu sa chevelure soyeuse au touché, rapprochant nos visages confus…

Espiegle Nombre de messages : 137 Date d'inscription : 26/06/2005

Autant il fut facile de faire renaître l’espoir en lui, autant il serait facile de le lui enlever, Yassinda tenait en ses mains le fragile sort d’Avalone, En le tirant doucement, elle l’emmène vers une chaise qu’elle éloigne de tout objets ou meubles. La jeune femme dénoue l’un des rubans accroché à ses cheveux. Elle a honte, mais la tentation est trop forte. Ses lèvres touche les siennes alors qu’elle l’aide à s’asseoir, délicatement, elle enroule le ruban autour de ses poignets, attachant le pauvre homme sur sa chaise.

«Je brûlerai en enfer…» pense-t-elle

Yassinda pousse un long soupir après avoir retiré ses lèvres, elle le fixe longuement avant de le gifler de toutes ses forces.

«Dis-moi… N’y a-t-il pas plus cruel que de retirer tout espoir à quelqu’un qui venait de le retrouver? Je suis sincèrement désolé…»

Elle se dirige alors vers l’une des étagères afin de retrouver le livre qu’elle avait feuilleté quelques instants plus tôt. Un livre à la couverture dorée sur lequel est estampé en grosses lettres noires : Magie et Torture…

George Nombre de messages : 148 Date d'inscription : 21/07/2005

Nos lèvres transposées par le biais d’un hasard ou de l’incoercible, s’échangèrent d’un instant, immobile de velouté, magnifique de pureté, sublime dans l'initiative innée, la fin de l’étreinte délicieuse, sans artifice dérisoire, arrivée trop vite, arrachement d’un instrument neuf, une fraction immuable et indissociable du temps qui nous échappait.

Le temps offrait un présent, stoppant son avancée, baissant une garde pour laisser filer la douceur d’un baisé échangé, reprenant, le fil du temps continuait inévitablement, nous laissant un goût, délice d’une fraction d’un instant.

Le temps d’un instant passé, un soupir qui en racontait sans pourtant s’étendre, Yassinda me gifla, mais son geste déchaîné, ne suffit pas à effacer le temps d’une offrande et je laissais aller les traces pétillantes encore, d’un moment de temps éclatant.

Je me laissais instruire, esclave de ses entraves, j’obéissais avec foi, avec pour seul compagnon, le silence devenu assourdissant, sans les sens du regard et pantin d’une muse, attendrissante avant tout.

…

Avalone attaché, privé de ses mouvements, finalement inutiles, la vue disparue, il écoutait la dompteuse se faufiler aux travers des étagères et feuilleter un livres, peut-être…

Espiegle Nombre de messages : 137 Date d'inscription : 26/06/2005

Yassinda lève le nez de son livre, la colère s’empare d’elle, Avalone ne semble pas souffrir outre mesure… Ses doigts se resserrent sur le grimoire, la princesse se hait un instant. Les incantations sont nombreuses, elle regarde minutieusement les sorts à sa disposition, ayant jamais fait de magie, elle ignore comment faire.

Une des incantations retient son attention.

Sort de terreur

Yassinda parvient à lire les quelques phrases sans que sa voix tremble, elle est anxieuse, il ne mérite pas ces châtiments… Elle pointe son index sur lui...

Que l’illusion t’envahisse
Que tes pensées te trahissent
Bien que dans l’erreur
Tu seras dans la terreur

Sa respiration s’accélère, elle fixe Avalone dans l’attente d’une réaction…

George Nombre de messages : 148 Date d'inscription : 21/07/2005

Que l’illusion t’envahisse
Que tes pensées te trahissent
Bien que dans l’erreur
Tu seras dans la terreur

Les mots prononcés des lèvres qui s’offrir du temps, me hantaient étrangement, pénétrants mon esprit en glissement serpentin, jouant de sa musique funèbre comme envoûte, je basculais dans l’étreinte des souvenirs, le passé résurgence de corbeaux affamés, s’engouffrait par la faille du sortilège et me hantait dans la douleur.

Alors, des paroles lointaines, vinrent soutenir en souvenirs, bouée de mes pensées délirantes et je m’y accrochais de ma raison, pour ne pas sombrer dans le passé que je refuse, surtout, ne pas sombrer…

Sang de tes pères, adultères, en émois
Attache ta terre, à la chair, de tes doigts
Sang de tes pères, adulaires, en émois
Arrache, ta terre, de la serre, du beau roi

Oh nuit, toi qui m’env’loppe, de ton étoffe en pluie d’argent
Oh nuit, toi qui m’emporte loin des cratères béants
Oh nuit, toi qui me rive sur une grève papier rubis
Oh nuit, toi qui me force à retenir ce dernier cri…

Surtout ne pas… sombrer…

…

La boue de ses premiers pas, la boue des pas qui suivirent, de la boue, moïse de son enfance, l’enfant hurlait, ses cris dérangeaient la nuit, la ville qui dormait, n’ayant rien d’autre à faire, ses petits bras potelets papillonnant le rien, espérant le sourire sacré qu’il rendrait, enfant d’infortune, le malheur, déjà, était le sceau de son berceau.

Plus loin, des fonds sordides, au plus profond de la ruelle, ils arrivaient, bruyants, sales à point nommer, les « recueillants », ceux qui l’emportèrent, par hasard, de leur chariot à leur mansarde, cherchant un profit de cette récolte.

Mais l’enfant de cris encombrait, on le mit la où serait sa place, la où il n’embarrasserait plus, où on l’oublierait et il grandit, mal. A force de coups, a force de brimades, l’humiliation chemin faisant, l’enfant qu’on avait oublié de nommer, de larcins en méfaits, de coups en querelles, devenait plus dur, plus hargneux et persifleur.

Ce soir, d’une journée revers de grappillages, il rentrait les sacoches vides, montrant l’envers de ses poches, penaud un peu, toujours gavroche, il attendait le châtiment proche, le ceinturon cinglant qui laisserait les traces du désamour, pas sur sa peau, pas sur ses mains, mais en souvenirs, d’une vie qu’il n’eut le choix.

Ce soir, plus fort, les coups l’assommèrent, violents, abattus avec rage et sans cérémonie, les resquilleurs du moindre avaient tapé trop fort ; l’enfant gisait inerte, le sang coulait de son nez, de sa bouche entrouverte et rouillait le sol crasseux.
L’érudit fut appelé, en hâte, l’enfant rapportait de ses larcins, il fallait le soigner, pour qu’encore, il rapporte ; les pieux, à l’hospice, l’accueillir dans une salle, au fond, toujours et rendirent à son dévisage de trop de frappes, figure d’enfant.

Il y resta longtemps, il mangeait à sa faim, il feignait d’avoir mal…

La chanson revint, de ces paroles…

Oh nuit, dis-moi qui suis-je, sous ton foulard de vérité
Oh nuit, dis-moi qui suis-je, avant de t’en aller
Oh nuit, dis-moi je rêve, cette grève papier rubis
Oh nuit, dis-moi puis-je enfin lâcher ce dernier cri

Je hurlais de toutes mes entrailles, d’un cri sans fin…

Espiegle Nombre de messages : 137 Date d'inscription : 26/06/2005

Une expression tourmentée a envahi le visage d'Avalone, il plisse les front, crispe les yeux, ses jambes prisent de spasmes. Yassinda fait un pas en sa direction, mais se ravise... Ce sont les cris de souffrance qui la font sursauté, tellement qu'elle lâche elle-même un cri.

Elle cherche dans le livre un moyen d'arrêter le sortilège, elle regrette tout à coup de ne pas être mage... Une guerrière incapable même de se guérir et qui fait de la magie, ça donne rarement un bon résultat.

La jeune femme ne savait que faire pour le sortir de ce supplice.

«Malheur à moi et à ma curiosité...» gromelle-t-elle

Elle lève les yeux vers le haut plafond, sa colère est mélangé à la honte de ses actions.

«ET MAINTENANT? N'ÊTES-VOUS POINT SATISFAIT? QUE VOUS FAUT-IL DE PLUS?»

George Nombre de messages : 148 Date d'inscription : 21/07/2005

La chanson ramenait Avalone de la sorcellerie jetée sur lui, par la gracieuse improvisée magicienne ; les démons du passé violent, serpents et vautours du présent, reculaient.
Des bribes de cauchemars en souvenirs, s’insinuaient toujours, mêlant ce qu’il y a de bon à ce qu’il y a de plus mauvais, Avalone, perdu dans ce méandre, confusion des réalités exacerbées par quelques mots magiques, s’enchaînait dans l’incère des sentiments.

Maintenant, il se trouvait dans le néant, dans l’impalpable, au milieu de nul part, d’un lieu qu’il ignorait et qui le blessait, avançant en pas mesurés, il recevait des coups invisibles, frappé si bassement qu’il chutait de son rêve, se relevant épuisé un peu plus de chaque bassesse, rampant, rageant, pleurant parfois, il touchait du bout des doigts tout ce qu’il y a de plus mauvais en lui, mais aussi dans l’âme de ceux du passé.

Il peinait dans l’austère, les accroches-pieds des chimères, les coups portés, les mots qui lui faisaient mal, si mal, qu’il s’affalait, puis se relevait d’une volonté qui revenait, mais retombait de ses démons en recoin caché, des tréfonds de son esprit, se jouant en martèle, tambourin au milieu de l’infini, sort de l’hôte, prononcé par la bouche de Yassinda.

Les dédales de son délires se faisaient précipice, rampant et puisant son énergie au fond, d’une lumière qui scintillait au milieu du laid, il s’y raccrochait, déployant ses sens de ses bras tendus dans l’obscur irréalité, Avalone se jetait à corps perdu vers la lumière et répétait inlassablement des mots abandonnés ; ne pas se laisser submerger et emporter dans la folie, ne pas croire ce qu’on veut me faire entendre, ne pas voir ce qu’on veut me faire croire…

La lumière se rapprochait, est-ce la fin du tourment, est-ce un nouveau trompe l’œil, les questions fusaient et Avalone avançait toujours, de mal en pire, il souffrait de chaque geste, de chaque pas, de chacune de ses pensées, il se fixait à cette lumière, dernier espoir d’un désespoir, il voulait plus que tout l’atteindre, il y avait la, quelque chose d’irrésistible, il ne savait pas la chose qui l’attirée, mais au milieu de rien, il savait qu’il devait rejoindre la lumière.

Du chaos, douleurs en souffrances, perversions en illusions, le sorcier battu par d’autres magies, se débattait, mais il approchait la lumière source, celle qu’il pensait trouver, une issue, une fin à ce tourment, un terme à cette douleur. Le tunnel de son inconscient s’élargie, l’obscurité se dispersait en tendres émotions, l’indulgence s’affinait, la beauté se prononçait…

D’un dernier cri, accouché dans la souffrance d’une image incertaine, il ouvrait des yeux occupés de larmes, supplice et colère laissaient place au jour, la lumière, belle, lui piquait les yeux, les démons étaient partis, le calme revenu, la bibliothèque à sa place.

Du sort achevé, de la torture consommée, la vue retrouvée, Avalone contemplait la lumière qui guida ses pas dans la tourmente et il l’entendit hurler d’impuissance…

«ET MAINTENANT ? N'ÊTES-VOUS POINT SATISFAIT ? QUE VOUS FAUT-IL DE PLUS ?»

Je ne suis qu’une ombre, tes actes, Yassinda, c’est toi, pas moi…

La voix venait de sceller ces mots sur un des murs de la bibliothèque, à l'encre de sang.

Espiegle Nombre de messages : 137 Date d'inscription : 26/06/2005

La voix s'était infiltrée dans la pièce comme un vent froid et désagréable, elle lui fit l'effet d'une gifle.

Yassinda baisse les yeux, comment elle avait pu se transformer en monstre pour une simple promesse. Autrefois, sa haine des hommes l'avait poussé à bien des cruauté, mais elle avait pourtant changé… Elle n'avait jamais hésité à tuer, mais faire souffrir ainsi un homme qui ne le méritait pas…

Elle préfère mourir que d'avouer ses torts ou s'excuser, mais ses yeux exprime un profond regret, un regret qu'Avalone ne peut voir par sa cécité. Elle s'avance prudemment vers le pauvre homme toujours attaché à la chaise, il a le front moite et l'expression d'un personne torturée.

Ne sachant pas dans quelle direction s'adresser, elle fixe le sanglant message.

«Vous m'aviez promis une chose… J'attends toujours… À moins que vous n'ayez pas de paroles…»

Dans un long soupir, elle se rapproche de lui, hésite un instant, puis lui délie les mains. Elle a envie d'éclater en sanglot, elle a envie d'être loin de ce manoir, loin de cet homme qui la fait se sentir coupable, loin de cet hôte sadique et introuvable. Yassinda se sent lasse, épuisée, elle plonge ses yeux de son compagnon de fortune, mais lui ne la regarde pas… Elle se demande un instant à quoi il peut bien penser.

La pièce est d'une beauté, mais en cette instant, les personnages des peintures semblent la suivre des yeux, les bougie vacillent sous un vent inexistant, tout craque alors que rien ne bouge. Est-ce sont imagination ou elle a crut voir une ombre passer entre les étagères… Yassinda déglutit difficilement, sa respiration s'est accélérée, elle a peur.

George Nombre de messages : 148 Date d'inscription : 21/07/2005

Je te vois, Yassinda, mais tu ne le sais pas. De la torpeur, tu m’as sauvé par ta compassion, ta souffrance, révélation de ton empathie, a effacé la malédiction de l’hôte et par la, je vois à nouveau.

Les mains libérées, la vue reconquise, je voyais ce visage angélique et attristé, oubliant les caprices de l’hôte, les furibondes de celui-ci n’était plus que dérision en face de la beauté, je me perdais dans son regard bleu océan, de cette eau pure, limpide, je m’engouffrais, dauphin joyeux et jouant dans les profondeurs bleutés de son œil, je me noyais.

Agenouillée de la sanction faite, elle laissa échapper une larme de peine, au coin de son océan azuréen, la petite larme glissait lentement, comme si elle cherchait un chemin, comme si sa route était incertaine, elle hésitait, prenant le temps, s’arrêtant sur une tendre et minuscule ride du sourire, la contournant par égard, elle poursuivait sa chute inexorablement, s’asséchant peu à peu du sel de l’océan, pour venir mourir, se jetant d’un dernier regain, sur la commissure d’une lèvre parfum rosée.

Soulagé de mes liens, libre de mes entraves, je posais ma main, délicatement, sur ce visage de larmes, sans quitter l’océan de son regard, toujours émus d’un premier regard, je baptisais son écluse du bout de mes doigts, dérobant par ici, une larme rebelle et qui s’obstinait dans sa course effrénée.

Je n’osais prononcer un mot, un geste suffisait. Rompre le charme de mots inutiles, devenait chimérique et outrageux, je me contentais de l’immersion dans les flots de ses yeux, plongeant et replongeant, sans lassitude, souhaitant l’infini, lavant mon orgueil déchiré dans l’abysse bleuté, aux abords d’une rive sculpturale du calice de sa beauté.

…

L’hôte avait joué, mais il avait perdu, les sentiments qui animent ces deux êtres, par la souffrance impossible à donner d’elle, impossible à résister de lui, ces deux la, se retrouvaient dans l’œil de la tourmente, déjouant les subterfuges de la méchanceté et se retrouvant dans l'ensemble.

Avalone de ses yeux recouvrés était subjugué par la belle, enchanteur par la volonté d’un autre, enchanteresse par sa volonté, ils restaient la, sans bouger, sans plus de gestes, sans mot, l’un en face de l’autre, prêt, d’une force qui échappait à l’hôte corrompu du manoir, à affronter chaque épreuve.

Espiegle Nombre de messages : 137 Date d'inscription : 26/06/2005

La main frôle sa joue pour en essuyer les larmes, comment a-t-il su qu'elle pleurait? Elle est douce et réconfortante, ce geste qui survient dans un moment aussi étrange est d'autant plus apprécié par Yassinda. Yassinda qui ne comprend plus ce qu'il lui arrive, qui tout à coup n'a plus envie de se battre, ni même de boire, et qui pleure...

L'hôte allait gagner sur elle, il lui avait enlevé tout goût de se battre et l'avait transformé en monstre d'égoisme, préférant la facilité et le pouvoir.

C'est peut-être la brise glaciale qui vient de pénétrer ou alors les bougies qui s'animent, mais la jeune femme reprend rapidement ses esprits. Elle se envahit par un profond mépris envers elle-même, comment avait-elle pu pleurer? Pleurer parce que la situation la dépassait... Ça ne lui ressemblait pas. Comment avait-elle pu accepter un pacte avec un homme, encore que le mot homme révèle un coté humain ce qui a l'air de manqué à cet hôte.

Elle sert la machoire et les poings. Dans un souffle, elle finit par lâcher d'une voix furieuse mais basse: «Ça ne se passera pas comme ça...»

George Nombre de messages : 148 Date d'inscription : 21/07/2005

Avalone releva l’angélique aux yeux d'océan, froissée de ses émotions, coléreuse aussi, mais intact de sa pureté jubilatoire.

Il était fatigué des prouesses de l’hôte, fourbu et un affreux mal de crâne venait poindre son nez dans les méandres de l’intellect d’Avalone….
Un petit bruit de ventre aussi, vint attirer son attention… toutes les attentions du sorcier en mal de victuailles et de bières.

…

- Princesse, il est temps pour moi, celui de la faim et de la soif, je dois tirer ma révérence, l’endroit fut antipathique, mais votre compagnie, chère à mes yeux, à mes instincts aussi, fut remarquablement saillante et je vous en remercie.
Je vous laisse fouiller cette bibliothèque, les livres, ne sont que bavasseries indigestes pour moi et je me reconnais plus d’affinité avec la houblonne mousseuse.

Je partais sur cette phrase passe partout, l’âme déchiquetée par un hôte, mauvais comme la peste, espérant que la belle Yassinda saurait se sortir des griffes du tortionnaire de l’invisible.

D’autres quêtes en tête, je sortis de la bibliothèque, un peu oblique, mais fermement décidé à estampiller le coquin qui se cache derrière les murs et sous-sols de la bicoque.

Au pas de la porte, je contemplais un moment la pièce que je n’avais pu voir avant, faute de vue, la belle gisait dans son élément, le mien m’attendant quelque part, ailleurs de ce manoir.

D’un dernier regard, je mesurais toute l’estime portée à Yassinda, celle la m’avait touché du bout de son cœur et sauvé de l’hôte sans le savoir.

…

Yassinda….

Les livres sont éjectés d’une étagère, projeté dans toute la pièce. Au milieu, se dessine une ombre qui peu à peu forme un visage.

Tu as fait souffrir Avalone comme je te l’ai demandé… J’aime les petites filles obéissantes, c’est bien !

Tu souhaitais me voir.. Me voici.

Espiegle Nombre de messages : 137 Date d'inscription : 26/06/2005

Un énorme grondement retentit, le sol tremble sous les pieds de Yassinda, elle manque perdre l’équilibre, mais se retient à une étagère, ses battements de cœur s’accélèrent.

«Encore un coup de cet hôte de malheur… Viens donc te montrer au lieu de rester caché dans ton coin!»

La voix hargneuse, elle s’était adressé aux lettres qui coulissaient sur le mur. Puis, elle remarque soudain que les tremblements et les bruits se sont arrêtés. Dans la normale des choses, les livres auraient dû cesser de tomber, au contraire, voilà qu’ils s’envolaient à travers la pièce en un tourbillon. Un vent, ou plutôt une bourrasque glaciale parcourt la bibliothèque, Yassinda a la chair de poule et enfonce ses ongles dans le bois de l’étagère à laquelle elle se tient toujours fermement.

Parmi les feuilles et les livres qui évoluent rapidement dans les airs, elle croit distinguer une forme, un visage. Yassinda entrouvre la bouche et observe ce qui se passe, elle n’aurait jamais cru être exaucé.

Tu as fait souffrir Avalone comme je te l’ai demandé… J’aime les petites filles obéissantes, c’est bien !

Tu souhaitais me voir.. Me voici.

En entendant prononcer les mots «petites filles obéissantes», elle fronce les sourcils et pose sur lui un regard haineux. Mais c’était ce qu’elle voulait, qu’il se présente à elle… Elle aurait sa vengeance, personne ne se moque d’elle ainsi, Yassinda est bien trop orgueilleuse pour le supporter. Son expression étonnée se fond rapidement en une mine malicieuse, sourire en coin, elle glisse sa main dans la ceinture de sa robe. Le contact du métal sur ses doigts la rassure, son fidèle poignard est toujours en place et elle se félicite de l’avoir emmené.

«En effet… Vous voici.»

Yassinda analyse la situation, ce n’est qu’un visage qui est apparu et non l’hôte lui-même… Comment l’atteindre?

«Je ne vois par contre que votre hideux visage, vous avez peur de venir en personne?»

La porte de la bibliothèque vola dans un fracas assourdissant qui se répercuta dans le couloir.

Ely se tenait dans l’embrasure, épée à la main, le visage déformé par la haine et la colère. Elle fixa sa sœur sans prêter attention au restant de la bibliothèque. Sa sœur lui tournait le dos et semblait regarder un point de la bibliothèque qu’Ely ne pouvait voir de sa position. Elle ne savait même pas si Aenor était encore derrière elle. Elle lui avait lâché la main lorsque toutes les lumières s’étaient éteintes. Mais un blob de feu lui avait permis de poursuivre sa recherche sans être plongé dans le noir.

« Yassinda ! Il y a dans les murs de ce manoir un criminel qui a assassiné froidement l’un de mes blobs. Je ne quitterais pas les lieux sans l’avoir fait mourir de mon épée ! »

Yassinda… Tu veux me voir, petite fille obéissante, mon visage et ma voix ne te suffisent pas !
Malgré ton affront, je vais t’en donner l’occasion, mais seras-tu à la hauteur…

Elandine… Je ne t’oublis pas, ton tour viendra…

Le visage de L’Hôte s’estompa pour disparaître complètement, mais il ne fut pas le seul. Yassinda se retrouva à son tour derrière la porte, habillée d’une longue robe blanche et qui rappelait étrangement, une femme dont le portrait se trouver sur un des murs de la bibliothèque.

Un autre invité disparait à son tour...

Aénor, je ne t'ai pas oublié !