Une des chambres

Elle joue, mais enfin sa nature se dévoile, plus douce, plus sereine. Un instant elle semble s’abandonner, son jeu lui échappe, elle ne maîtrise plus… l’autre elle recule, affichant le dédain et le narquois.

Pourquoi, lui ressembles-tu à ce point…

Ta volonté est encore la… laisse aller le souvenir qui te ronge…

Flairant le refus, j’agrippe ses fesses fermement, je l'enferme contre moi fortement, sans lui laisser un temps de répit, sans qu’elle puisse s’en aller vers ses démons.
Lentement je laisse mes mains poursuivre derrière ses cuisses, puis la soulève, brutalement, et la ramène contre mon ventre.

Tu es virtuose et exercée… moi, plus encore. tu réchauffes mon cœur de glace et pourtant tu n’es plus maîtresse, mais élève…

Elle se relâche, enfin… de sa garde baissée, elle passe ses bras autour de mon cou… elle m’enserre dans un geignement pudique. Je la sers plus fort encore, offrant les délices d’un corps contre l’autre, pour ensuite relâcher mon étreinte, sans contrainte.

Pendue à mon cou, les jambes enlacées autour de ma taille, elle s’oublie un moment, court moment, se laissant aller, mais l’appel de la chair est trop fort, elle se débat, ses habitudes reviennent… elle sert de toute ses forces, m’emprisonnant entre ses cuisses.

Tu te débats, ne fuis plus… tu m’appartiens !

J’empoigne sa chevelure et rejète sa tête en arrière, d’un geste, je mords dans la chair de son épaule, elle lâche un crie de plaisir…

Tu la connaît cette douleur… subtile jouissance pour celui qui est goûté...

Une fine gouttelette de sang suinte, du bout d’un doigt, je recueille le nectar et le porte à ma bouche, léchant le sang versé, doucement, pour qu’elle ne perde aucun instant…

Je regarde au dessus, les ferronneries affilées d’un chandelier, enfonçant mon regard au plus profond d’elle et sans la quitter, j’écrase mon doigt sur une pointe aiguisée, le sang coule.
Sans lâcher son regard d’un instant, je pose mon doigt sur ses lèvres, elle suce le sang qui en sort, langoureusement.

J’approche sa bouche, la contourne, la survole, la foisonne et lorsqu’elle frissonne, je l’embrasse profondément, mêlant les sangs d’un baisé volés, lui offrant d’un partage…

Je sais… les cicatrices sur ta joue…. il ne connaissait que le mal…

Tu as souffert… je peux te faire souffrir encore… remets-toi à moi !

Toujours soudé par nos ventres, je laisse descendre mes mains le long de son dos, sans appuyer, frôlant à peine, de frisson languissant. Je prends à pleine main le galbe de ses fesses, appuyant mon autorité, pour nous emporter vers le lit.

...

Tiraillée entre deux envies, elle se laisse faire...
Elle pense à lui, à qui elle doit fidélité, lui qu'elle aime...
Mais la luxure qui a fait sa vie des années auparavant ne la quitte pas comme ça.
Il en faudrait plus, il faudrait qu'il soit là...

Elle s'en remet donc à celui qui lui fait face, celui qui a su lui faire découvrir bien plus qu'en six longues années de domination acharnée.

L'effet de frisson combinée à la fièvre que lui procurait cet homme au regard ardant ne fit que la confirmer dans ces déloyales attentions.
Peut-être que de le 'tromper' accentuait son désir, elle l'ignorait.

Plusieurs fois, elle avait laissé échapper un cri de plaisir, de jouissance, il savait... Il l'avait savamment mordu à l'épaule, elle l'en remercia. Il était le maître, elle la disciple, et leurs jeux se poursuivirent...

Après quelques instants, elle osa enfin s'abandonner totalement à ce partenaire du moment...
Celui qui lui apprendrait...

Il la prend, elle n'est plus que son jouet... Mais elle lui montre qu'il a encore quelque chose à attendre d'elle.
Avec soin, elle le déshabillle, se contentant du haut premièrement.

Se perdant en douces caresses du bas vers le haut, elle l'enlace à nouveau.
Les lèvres au contact de la peau de son cou, elle le suce allègrement, puis se retire dans un délicieux bruit de succion, reste une marque, trace de son passage.

Et il joue toujours avec elle, et elle sait en profiter. D'un geste, elle déchire encore un peu plus sa tunique de cuir, laissant se libérer définitivement ses seins, fermement dressés en l'honneur de son possesseur du moment. Aussi, elle les prend à pleine mains, sentant la douce chaleur qui s'empare d'elle. Passant une main autour de l'homme dans un geste précis, elle enfouit la tête de l'exorciste au creux de sa généreuse poitrine.

Dans un élan de fougue, elle plante ses ongles dans le dos d'Exorkisein, laissant une déchirure où le sang a à peine eu le temps d'affluer. A peine le temps de pousser un cri jouissif que les murs se mettent à trembler. Révélant le retour de l'hôte...

Ils n'y prennent pas garde, et continuent...

Maintenant peau contre peau, dans un sensuel contact, ils se font face...
Elle lèche avec gourmandise le lobe de son oreille, puis ayant perdu le goût du sang, elle repose son regard sur lui, qui a su la troublé, et l'embrasse passionnément.

Enfin, elle perd pieds, après avoir quitté le sol, elle perd le fil de ses pensées.
Il la tient toujours d'une main de maître, elle n'oppose plus de refus.
Et il l'a conduit sur le lit, sur ses draps déjà froissés.

Il l'allonge délicatement, et la chevauche, dominateur.

Sur le dos, elle bascule la tête en arrière, s'offrant à toutes souffrances.

Tu es mienne… tu ne peux résister, tu deviens mon objet… un objet de plaisir, tendre à briser, dur à s’y rompre…

Tu te donnes entièrement… tes pensées se troublent… l’autre n’est pas la, laisses-le, tu m’appartiens… tu as voulu jouer…

Jouons…

Tu dégivres mes sens, tu es parfaite… ton corps… ce visage…

Assis sur son ventre offert, je soulève la mèche qui voile sa joue, je passe un doigt sur une des cicatrices, soulignant les marques de son passé.

Celui qui t’a fait ça, je peux le retrouver… pour toi.

Un geste, un mot et je te dirais…

Laissant son visage marqué, je retourne ma main, tournant le dos à ce corps abandonné et livré à mes supplices, je laisse mon doigt promener sur sa poitrine, ferme et voluptueuse, douce et avenante.

Mon ongle ne peut te griffer de la sorte… mais il saura te procurer des sensations redoutables…

Je sillonne chaque parcelle de sa peau, doucement, lentement, terriblement… je parcours chaque recoins, tournant et retournant sans fin.
D’un mouvement continu, je m’approche pour raturer le monticule dressé de son sein, désespérant d’attendre, dur et contournable.
D’un plaisir délicat et subtil, je laisse aller pour mieux revenir et lorsque son corps se tend, réclamant, exigeant, je fuis vers le nombril, laissant la soumise sur une faim délicieusement inassouvie… Elle gémie d’attendre.

Du signe de sa naissance, je harcèle en légères griffures la peau ferme et hérissée de frissons, traçant des dessins aux formes stricts, chacun des traits créant un désir, chacun des contours, ouvrant une cambrure, chaque cambrure m’invitant.

Lorsque son corps éraflé rougit d’impatience, son visage enfoui dans les draps, ses ardeurs au paroxysme, vibrant au moindre effleurement, hurlant de chaque pore survolé, je termine le dessin du plaisir et descends à la source pour me perdre en chemin…

Tu me tentes… tu me hantes… tu me vantes ton antre… mais c’est toi qui désir, tu es sous mon emprise, maintenant…

Et si je cesse le jeu… que feras-tu…

...

"Jouons..."

Enfin...elle brûlait de désir...
Ne se satisfaisant plus de simples tentations, elle convoitait la jouissance.
Et lui.... et lui, il l'amenait chaque fois plus près, chaque fois un peu mieux.

Mais elle ne s'en contentait plus.

Il avait su faire monter en elle tant d'ardeur, tant d'envie...
La sensation de faim n'en était que plus intense.

Encore plus, elle en voulait toujours plus...

Elle le sentait, qui s'animait sur son ventre, elle se perdait en frissons.
Se cambrant à chaque petite déchirure, jouer lui suffisait de moins en moins...

Aussi, redevenant un instant tigresse, elle se redressa, et dans le même mouvement, elle assujettit Exorkisein, sur lui, elle va mieux, un court moment.

Titillant les lèvres de l'homme de sa langue, elle prend enfin du plaisir, un hypothétique plaisir.
Dans ses yeux, elle perçoit la tentation, elle est désirable, elle le sait.
Jouant toujours de sa langue, elle descend lentement, jouant les exploratrices sur un torse presque imperbe.

Elle se redresse, lui jette un regard, dominante un court instant.
Puis elle se replonge dans sa vertigineuse descente...

Langoureuse, elle s'arrête.
Elle n'ira pas plus loin, il ne le mérite pas.

A trop attendre, elle a perdu l'envie...

Fièrement, elle descend du lit, provocatrice, elle le regarde.
Tournant la tête, à demi-nue, elle se dirige d'un pas lent vers la porte...

La dominatrice est de retour… défiante, sûrement…

Je me jetais sur elle, l’attrapant par le bras, la retournant vers moi violemment, je la collais contre mon désir.

Tu ne veux plus jouer… femelle !

Tu te dérobes… il est difficile de chasser ta vraie nature… les habitudes reprennent sur toi…

Pourtant…

Sans lâcher ma prise, bloquant son poignet, j’enfouis ma main brusquement dans son intimité, elle oublie un cri de satisfaction, mais ma main continue à fouiller ses cuisses, sans mesure, sans respect.

Retenant mes caresses, j’enlève ma main inquisitrice et l’essuie sur son visage, barbouillant lentement et railleusement sa figure
Je l’agrippe par le menton et l’ambrasse voracement, puis, mordant sa lèvre, je la rejète pour la projeter contre un mur.

Ton esprit dit non… tu te mens… ton corps ne me trompe pas… j’ai maquillé ton visage de ton désir humide…

Tu veux être maîtresse… regarde et tu feras ton œuvre…

Terminant ces mots, je prends un poignard et pose la pointe sur mon torse.

Fixant Jessaryn, sans relâcher mon regard, j’appuis, enfonçant doucement la pointe dans ma chair, je trace d’une fine coupure et descends la lame, entaillant ma poitrine et jète le couteau sur le sol.

Un filet de sang, naissant de la coupure, s’écoule et souille mon torse.

Je sors de ma poche un petit sac, saisie sa main et y verse du sel, puis j'applique la main salée sur ma plaie…

La douleur est vive, je serre les dents et encore plus sa main, l’empêchant de faire cesser la douleur.

Tu sens… tu sens la souffrance, c’est toi qui l’appose…

La douleur s’apprivoise… je n’ai plus mal…

Ecartant sa main, je ramasse le fouet et arrache au passage, une plume d’un oiseau empaillé, qui s’exposait fièrement sur une commode.

Que choisis-tu, maintenant… le fouet pour dominer… ou la plume pour goûter…

...

"Le fouet.... stupide question..."

Elle saisit l'arme de cuir, cet objet de douleur et de précision, deux fois elle le fait claquer en l'air, ce bruit, ce sifflement l'anime.

Ele s'approche de lui, de ce vil profiteur.... Elle a retrouvé une entière confiance.

D'un regard, d'une main, elle le fait s'agenouiller, il n'oppose aucune résistance.

Tant mieux

D'un mouvement expert, elle passe le fouet autour du cou d'Exorkisein, dans son dos, elle en tient les deux bouts. Elle les tirent, elle les sert, en les nouant simplement.

Puis elle continu son étreinte, il déglutit de plus en plus mal, peine à respirer, il pourrait, il crierait, mais elle ne lui en laisse pas l'occasion.

Vicieuse, elle continue à serrer. Pour lui, la mort physique est proche, toute proche.

J'en est déjà tué un comme ça, ou deux... peut-être... pourquoi pas celui-là...

Mais curieusement, elle s'arrête.

Qu'il meurt, comme cela, ce serait lui accorder la victoire... Trop facilement.

Cet homme, il est froid, si proche, mais si distant, il veut se montrer insensible.
Elle sait... Ne point montré ses sentiments évoque un certain pouvoir, une certaine autorité.
Il joue de cela, il veut paraître fort, intouchable, mais il ne l'est pas, elle lui montrera.

Longtemps, il s'amuse des envies de Jessaryn, longtemps, il ne pense qu'à l'humilier.
Un instant soumise, elle ne l'est plus.

Desserant son fouet, elle l'accroche à nouveau autour de sa taille, il se relève, prêt à lui faire endurer de nouvelles choses.

Mais elle s'avance, avec soin, elle promène sa langue sur la longue plaie du torse de l'exorciste.

Elle a toujours préféré le salé au sucré, de toute façon...

Malgré qu'il devienne violent, elle reste calme. Rentrer à ce point dans son jeu, non...
Elle préfère l'avoir, là où il se pensait intouchable, là où il s'est jouée d'elle de si longs moments.

A son tour à genoux, elle poursuit de le mettre à nu. Elle esquisse un sourire de satisfaction, il est humain lui aussi.

Et elle a devant elle la preuve que la tentation est bien présente. Face à cette envie gonflée de désir, durcie par l'excitation, il ne peut faire autrement que de s'en remettre à elle. Artiste parmi les artistes, elle le domine enfin complètement, il chute là où il se croyait invincible. Commence un langoureux mouvement de va-et-vient, tantôt lent, tantôt rapide elle le sent, cette douce chaleur en lui, qui malgré tout ses efforts n'arrive pas à contenir. Elle arrive à ses fins. Il pousse un hurlement étouffé, symbole de l'intense jouissance qu'elle a su lui faire endurer. Savourant le liquide de la victoire, elle se relève, léchant ses pulpeuses lèvres avec gourmandise.

Sourire de satisfaction, sourire de libération, elle affirme sure d'elle.

"Je t'ai eu"

Et parcourant des doigts l'une de ses cicatrices, elle dit, malicieusement :

"Celui qui m'a fait ça... Tu ne pourras le retrouver... A moins de le ramener de parmi les morts... Il a succombé, lui aussi..."

Dans un élan de fougue, elle visite une dernière fois la bouche d'Exorkisein, puis les yeux plongés dans le sien, elle murmure un merci, déjà lointain.

Ils sont destinés à ce revoir, elle le pressent comme cela.
Aussi, elle ramasse à nouveau son fouet, puis franchit définitivement la porte, le laissant là, en plan.

Tu aurais du choisir la plume… tu la choisiras… tu le sais.

Tu es pernicieuse, tu as su…

Mais pourquoi, lui ressembles-tu à ce point…

Tu m’as apporté le plaisir, des sensations que j’avais oublié… mais, je cherche encore ton plaisir…

Je saurais te retrouver, l’hôte te tient entre ses griffes, il n’est pas loin… je le sens.

Prends gardes à toi, Jessaryn.

Sur ce plaisir en monologue, de la violence dominatrice, elle avait fait un choix.
Je la regarde partir, superbe et plus tentatrice que jamais, fière, un peu.
Elle sait que son choix n’était pas le bon, de sa rédemption, elle préfère la continuité.

Peu m’importe, il ne me reste que peu d’âme et si peu de charité… mon cœur brûlé, il y a longtemps déjà, ne peut se consumer une seconde fois… la glace reprend ses quartiers, délogeant la tiédeur d’un passage, parce qu’elle lui ressemble.

Aucun regret… aucun mauvais goût… je sais la victoire amère, telle est la sienne.

A très vite, dominatrice.

…

L’ôte…

Je te sens… oui… bientôt…

Je dois reprendre des forces… l’affrontement approche…

Je recouvrais mon corps du drap, dissimulant les restes de Jessaryn. Sans plus d’émotion, je sombrais dans un sommeil, bâti du froid d’un cœur mort, il y a longtemps.

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