Salle des Tortures

Après plusieurs minutes, sans qu'aucune activité ne se fasse entendre, Jessaryn trouva sa réaction ridicule et sortit de sa cachette. Elle s'étira longuement, puis regarda... la tête d'horreurs.

Beurkkkk.... toujours là...

Naïvement elle aurait espérer la disparition de "la chose".... Mais non.
Jessaryn remarqua dans un second temps que l'homme était toujours là, prenant bien en main son fouet, elle le fit claquer sur les bougies qui se trouvaient ça et là, près des murs.
Elle toucha à chaque fois la flamme, et éteignit la bougie. Arborant un sourire de satisfaction, elle se dirigea vers l'homme, pensant que l'Hôte était bel et bien parti ailleurs.


Il était maintenant à ses pieds, toujours couché. Les barreaux de sa cage avaient disparus...
Jessaryn se baissa donc, offrant à la vue du "malheureux" toutes les subtilités de son corps partiellement recouvert de cuir. Elle posa sa main sur l'épaule de l'inconnu, et le secoua légèrement. Elle le questionna alors, un brin de douceur dans la voix :

"Ca va ?"

J'espère que l'Hôte ne l'a pas trop abîmé.

Puis elle attendit, sans rien dire d'autre.

Les fouets avaient claqués, faisant penser à Finarfin qu'il avait bien eut raison de rester tapis au sol...
Cette voix était féminine et d'une douceur particulière, mais un tantinet sadique dans ses intonnations.

Il sentait cette femme, pensait-il, s'approcher de lui. Il entendit comme le froissement d'une tunique en cuir, juste au dessus de son oreille, puis un "ça va?" amicale et doux.

Il ne répondit pas dans un premier temps, de peur de se retrouver dans une plus mauvaise situation qu'il n'était déjà.

Toute fois, un bout d'une dizaine seconde de silence mutuel, il prit appuie sur ses coude et releva la tête. Il aperçut d'abord des longues bottes de cuir noir. Puis ses yeux se perdirent dans la longueur de ces jambes fines et voluptueuses à la fois et dont la tunique en cuir révellait la grâce.

Il lacha alors:
"Cela pourrait aller mieux, mais pire aussi. Merci de vous soucier de mon état."

Il se releva completement alors qu'elle était restée à genoux.
Il put alors contempler son interlocutrice de haut en bas, de long en large.

Il ne put dire mot, mais le sourire en coin que son visage soulignait montrait que le minois de cette dame ne le laissait pas indifférent.

Elle, semblait le regarder comme une bête curieuse, ce qui le mit mal à l'aise un instant.
Il balbutia alors:
"Et vous même, que faites vous dans un endroit pareil, qui ressemblerai plus à la tanière de quelque barbare? Vous seriez-vous perdue?"

Bien...

Jessaryn souria, enfin quelqu'un de "normal" par ici. Il avait mis du temps à répondre. Mais elle pouvait aisément le comprendre, un peu de méfiance n'était pas de trop dans ce manoir.
Il se releva, elle se sentit examinée, mais ne dit rien, elle était consciente que sa tenue pouvait porter à confusion. Elle se mit alors debout avec grâce, se déhanchant légèrement.

Puis lui faisant face, elle répondit avec un malin sourire :

"Heureuse que vous alliez... bien.
Il serait fâcheux que notre Hôte abime ses invités.
Surtout tel que vous."

Avant de poursuivre, elle le regarda à son tour, debout, il avait nettement plus d'allure.
Des épaules sur lesquelles on aurait plaisir à se poser, une belle silhoutte masculine.
Il semblait assez jeune. Elle croisa rapidement ses yeux, de beaux yeux...
Mais un instant mal à l'aise elle aussi, elle préféra détourner son regard quelques secondes, avant de répondre à sa question.

"Je suis parvenue dans ce Manoir de la même manière que vous il me semble.
Et pour ma présence dans cette pièce...
Je ne suis aucunement perdue, au contraire, j'ai retrouvé ce qui fut mon passé plusieurs années auparavant."

Passant sa main sur une de ces cicatrices, elle n'espérait pas lui faire peur en disant cela.
Elle se refusa cependant d'en révéler plus sur son passé.

"Mais ce n'est pas le propos du jour.
Puis-je vous demander votre nom ?"

Elle arbora à son tour un sourire en coin, puis presque négligeamment, elle observa la tunique de cuir, qui lui allait curieusement à la perfection. Elle enroula alors autour de ses hanches le fouet, de façon à ce qu'il les souligne encore un peu plus. Puis machinalement, elle déposa une mèche de ses longs cheveux bruns sur son oeil gauche, avant de reposer son regard sur l'homme qui lui faisait face.

Cet attitude quelque peu aguicheuse ne fut pas pour déplaire à Finarfin, qui avait plus l'habitude de tourner le dos à de vilaines créatures plutôt que d'en admirer de splendides...

Ce "regard à un oeuil et demi" semblait si..., il ne sut pas le decrire et ne le voulut point en fait; il ne voulait pas mettre de mot sur ce qui lui parraissait le plus doux et le plus affectueux à des milles à la ronde.

"Je suis Finarfin, dit-il sobrement, euh... pour vous servir, car c'est l'usage, mais je pense que vous n'avez pas Vraiment besoin de mes services puisque vous vous présentez à moi sous un jour plutôt débrouillarde et je me présente quant à moi tel un invétérable peureux. Je m'en excuse Madame."

Il semblait honteux, lui qui, si fier d'ordinaire, arborait sa cape rouge vermeille éclatante et son épée, dorée à tout va; Voilà que ces atributs suivaient ce sentiment de honte étaient ternis de leur eclat.

Tout en regardant le sol et l'affreuse tête, qui jonchait toujours le sol, il lui demanda:

"Puis-je à mon tour apprendre à qui je m'adresse, je ne pense pas vous paraître trop curieux en vous demandant cela. Il m'est d'avis que dans ce manoir, mieux vaut savoir à qui ou a quoi l'on s'adresse."

Madame.... ohhh... suis-je si vieille que ça...

Un poil vexée par ce "Madame", Jessaryn n'en fit rien.
Elle se contenta simplement de répondre à la question de Finarfin.

"Je m'appelle Jessaryn..."

Elle s'inclina légèrement, puis se plongea dans les yeux de Finarfin.
Elle ne l'effrayait pas, mieux, il paraissait apprécier ses demis-avances.
La belle Jessaryn était en train de se faire dévorée par ses pulsions, littéralement, et elle n'opposait aucune force au retour de ses instincts.
Cependant quelque chose avait changé, et elle s'en rendait compte à présent.
Il y a quelques mois de cela, l'envie de faire mal à autrui aurait été la plus forte.
Là elle voulait se contenter de jouer...
Et elle commença...

Faisant tout d'abord mine de s'en aller, la démarche chaloupée, elle fit le tour de Finarfin.
Marchant lentement, balançant son bassin avec grâce et précision, la jeune femme exaltait de sensualité.

S'amusant des regards de Finarfin, elle profita un instant de sa faiblesse actuelle. Elle le fixa, lui intimant silencieusement l'ordre de reculer, lui qui était dos à une des tables de Tortures. Un pas après l'autre, sans un mot, il recula, jusqu'au moment où il toucha la table.

Il semblait avoir compris où elle venait en venir, aussi l'homme de fière carrure s'asseya sur la table de bois.
Jessaryn lui apposa la main sur le torse, il s'allongea.
Gracieusement, elle monta à son tour sur la table.
Connaissant son affaire, elle chevaucha Finarfin, lui allongeant un bras vers l'anneau de fer.
Puis hésitant une seconde, elle ne fit rien.

Laisser quelqu'un sans défense ici, se serait du suicide...

Parcourant de son doigt le torse de Finarfin, de haut en bas, elle souria, et se penchant vers lui, elle lui susurra à l'oreille :

"Alors ?..."

Se redressant légèrement, sentant son souffle... si près... elle posa ses lèvres contre les siennes, et ils s'unirent quelques instants seulement dans un tendre et langoureux baiser.
Soudain... un bruit...

Craquement de ce vieux manoir, ou autre chose de bien pire...

Elle se releva alors... ne sachant comment Finarfin allait réagir.
Puis elle attendit les sens en alerte, perdue entre ce qu'elle entend, ce qu'elle croit entendre... et ce qu'elle pense.

J'espère que... Non...

Ce bruit avait interrompu leur étreinte, et elle semblait appeurée.

Quel pouvait bien être ce son étrange? Après tout, se dit-il, qu'est ce qui n'était point étrange dans ce manoir?

C'est alors qu'il se remémora le bourreau et la hache, les yeux rouges, la tête...
Des frissons parcourèrent son corps, ce n'étaient pas les mêmes qu'auparavant lorsque Jessaryn s'approcha de son oreille pour lui lancer ce petit mot.

Son sang bouillait à nouveau, mais de terreur cette fois-ci. Alors qu'il y a quelque minutes il était en ébulition par le simple contact de la main de la jeune femme qui lui imposait de l'allonger, mais il était si volontaire...

Il reprit ses sens et; allongé sur la matière ligneuse, grossièrement travaillée, Jessaryn le chevauchant; se redressa. Tout en visitant les cuisses recouvertes de cuir, qui se trouvaient de part et d'autre de son tronc, de ses mains qui semblaient avoir retrouvé leur habileté d'antant, il déposa un baiser dans le cou de la demoiselle.

"Alors quoi...?" lui lança-t-il en la regardant de bas en haut, repirant profondément.

Elle posa ses yeux sur lui mais ne semblait pas l'entendre, elle était préoccupée par autre chose.

Il tenta de la faire revenir vers lui en carressant doucement ses formes voluptueuses, superbement dessinées dans le cuir noir de sa tenue. Il aventura ses lèvres dans le décolleté divin de la jeune femme. Il en retira peut-être plus de plaisir qu'elle. Mais il arriva à ses fins: elle semblait moins sur ses gardes et commençait à nouveau à se laisser aller.

Elle le sentait perturbé, lui aussi, mais par d'autres choses...
Mais vite ils ne furent plus que deux pantins du désir, animés d'une même force enchanteresse.

Il se perdait en mille caresse sur son corps, et elle en faisait de même, toujours à cheval sur lui.
De ces douces mains, elle parcourait son torse finement musclé, faisant fit du tissu qui se trouvait entre les deux peaux.
Enfin elle remonta jusqu'à son visage, se collant à lui, elle retrouva le plaisir, et l'embrassa avec gourmandise, goûtant ses lèvres délicieusement sucrées, elle échangea avec lui un long regard fait de tendresse et de concupiscence.
A ce moment là, l'éternité n'aurait pas suffit...

Puis quelque chose perturba à nouveau Jessaryn, ou plutôt quelqu'un...

Elle se releva alors définitivement, suivie de près par Finarfin, un brin interloqué par son comportement. Se retournant, elle s'approcha de lui, et posant sa tête près du cou du jeune homme, elle s'imprégna de son odeur, de la même façon qu'un enfant s'abandonne dans les bras de son père pour se donner du courage.

Elle prit sa main droite et la serra fort, avant de lui déposer un tendre baiser sur la bouche. Et presque à regrets, elle balbutia :

"Je... je...merci..."

Et en quelques pas, elle s'échappa de cette salle, échangeant un dernier regard avec Finarfin.

Nous nous reverrons...

Et elle disparut, telle la voleuse qu'elle était devenue sur ces Terres.

Finarfin était resté là, debout près de l'entrée de la salle.
Il semblait désorienté, et décu, très décu d'avoir du laisser partir cette être tout de douceur et d'affection.

Après quelques et ces quelques instants de rêves; qu'il avait pu encore voler à Jessaryn, en repensant à cette étreinte; il retourna vers le centre de la pièce.
Le bourreau et la tête séparée de son corps étaient revenus dans sont ésprit et il voulu en savoir plus sur celui ou celle qui avait perdu sa cime.

Il examina le sol, aucune trace de sang ni de pas dans la poussière, qui semblait s'être accumulée ici depuis des siècles.
Il s'assit à nouveau sur la table et son esprit était brouillé, il pensait à Jessaryn, à cette execution, à cette étrange invitation qu'il avait reçue, à son passé de gardien de monastère, à son éradication...

En pensant, à tout cela, il fermait les yeux et se demandait si sa vie n'était pas qu'une pièce de théâtre et s'il n'était pas qu'un pantin aux mains d'un quelconque marionnettiste.
En ce jour plus particulièrement, il ne controlait rien.

En voilà une illustration: il sentit qu'il devait éternuer. D'ordinaire il se retenait lorsque les situations ne s'y prétaient pas, la situation était telle, il ne voulait faire aucun bruit pour ne réveler sa présence à personne. Mais là, impossible de lutter...

"AAAAAAAAAAAAAAATCHAAAAAAAAAAA!!!!!!!"

Fit-il bruyamment.

"Un chat! dit-il en se relevant, un chat... où te caches-tu minou??? minou, minou?"

Il était accroupi et avancait doucement.

"Aie, veuillez excuser ma maladresse, fit-il totalement surpris, mais...."

Il se perdit un peu, c'était la première fois qu'il voyait un créature de ce genre. Il pensait pouvoir apprivoiser un chat, comment dire? ... normal, d'une trentaine de centimètre tout au plus, sans don de parole aucun...
Mais dans cette situation, iréelle pour lui, l'apprivoisement serais difficile!

"AAAAATCHAAAAAAAAAAAAAA!!!" Satanés éternuements...

Cela avait assez mal commencé, mais il tenta de retourner la situation:

"Je m'excuse encore, pour mon ignorance cette fois-ci, mais qu'êtes vous?
Pourriez vous eclairer ma lanterne car je suis perdu et nombres de choses étranges se produisent en ces lieux..."

Il observait cette étrange créature. Il avait déjà combattu contre des dragons, ou des trolls auparavant, ou aux cotés d'elfes et de nombreuses autres êtres plus étranges les uns que les autres. Mais jamais encore il n'avait parler avec, ni même apperçut une "femme-chatte".

Il en avait un peu peur, tout d'abord car elle sortit ses griffes, mais elle les rentra immédiatement après. Jouait-elle avec?

Mon nom, elle me demande mon nom. Encore et toujours, j'en ai assez que l'on se présente sans cesse, et ce destin qui se répète à chaque fois... les présentations puis la séparation, toujours la même chose pour Finarfin, maudit de la fatalité...
Je vais forcer le destin et changer de nom, pourra-t-il m'oublier et pourrais-je enfin vivre ma propre vie, contrôler mon existence?

"Je suis Vannevon Herù Rana, seigneur vagabond, ce surnom m'a été donné par les elfes des forêts d'Or loin au nord de ce lieu. Mais parmis les miens, je ne suis que Vannevon, souverain de ma cité."

Il dit cela avec un assurance telle que même lui y croyait. Mais il ne savait pas que la félysse était tapie dans l'ombre depuis un petit moment déjà. Elle cessa de balancer sa queue en le regardant bizarrement.

Elle connaissait mon nom... mais comment? le destin s'acharne encore sur moi, je ne peux lui échaper.

Son rugissement fit sursauter Finarfin, qui posa la paume de sa main sur le pommeau de Ringril, sa gigantesque épée, dont la lame sortait de quelques millimètres de son fourreau. Son éclat froid illumina un instant la pièce, jusqu'à ce que l'homme le recouvra de sa cape usée. Il était prèt à défendre sa vie.

Elle parla de Jessaryn et de la race humaine.

Mais comment savait-elle ce qui s'était passé avec Jessaryn? Etait-elle là? Tapie dans l'ombre? Certainement avait-elle ce pouvoir d'invisibilité, dont il avait entendu narrer les histoires au coin du feu dans maintes régions.

"Je vous ai menti, je l'assume, mais loin de moi cette idée de vous tromper. Je voulais échapper à ma destiné, me mentir à moi même, comme au monde, pour enfin ne plus subir les assauts ce la fatalité qui est liée à l'existence de Finarfin, à mon existence. Je n'y parviendrai jamais. Vous dites que j'ai peur, vous avez raison. Vous dites que vous êtes issue d'une race supérieure à la race humaine, vous avez sans doute raison. Mais vous avez tort de juger mes actes envers Jessaryn."

Durant tout le temps de parole qu'elle lui accorda, il soutint le regard de la félysse, mais une fois sa plaidoirie terminée, il baissa la yeux et jeta bas sa cape.

"A présent, si vous avez toujours dans l'intention de m'occire, finissons-en, ma vie n'a que trop duré et j'ai assister à assez de malheur en ce monde. Mais je défendrai tout de même ma vie, au nom de l'espoir, qui ne m'a jamais quitté, d'un jour trouver la quiétude."

Sa cape au sol, l'on pouvait admirer la musculature fine de l'homme, mais son torse était parcouru de nombreuses cicatrices de ca et là, laissée par quelque ennemis. Il n'avait pas encore fait appel à Ringril, mais son eclat illuminait à nouveau la pièce.

Après ces dernières paroles de la félysse, il reprit sa cape au sol, l'endossa, et s'ageunouilla en dégainant son épée, qu'il posa à terre.

"Je ne vous remercie pas pour cette pitié que vous m'accordez, je ne la mérite pas.
Je m'en vais ainsi, vers d'autre lieux, moins surs peut-être, plus inconnus encore que celui-ci, auquel je m'étais habitué..."

Il se releva, prit Ringril à deux mains, et sa lumière éclairait toute la salle d'une lueur froide mais si généreuse...

"Puisse la lumière guider vos pas, vers ce que vous cherchez, même si vous avez plus de facilité que certains dans la pénombre, la lumière est la plus forte et peut vaincre nimporte quelle créature.
Adieu!"

Il rengaina Ringril et tourna les tallons pour se diriger vers l'escalier du fond de la pièce.

Elle sourit.
Comme si le bien en ses lieux pouvaient la vaincre...

Elle fit un brèf signe de la min puis partit vers la salle commune avec le sourire aux lèvres et la queue en balançier

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