J’m’embarque dans les coursives à la recherche d’un truc correct à m’mettre quand j’tombe sur une porte indiquée
« privé – Julie Macouille ».
Une cabine de nana ! Avec un nom pareil elle doit avoir des fringues correctes dans sa cambuse. J’pose ma main innocente sur la poignée d’la porte, sans même prendr’soin d’regarder si quelqu’un m’a r’pérée.
Roo c’est fermé à clé ! J’y crois pas comme ils sont méfiants les gens !
Pas grave, Axelle a d’la ressource dans ses cheveux. Et hop à bas l’chignon qu’la mère a mit deux heures à faire pendant qu’j’gueulais comme un putois. Avec cette épingle la serrure n’y résistera pas !
J’tréfouille dans l’trou jusqu’à trouver la clenche puis j’jette l’épingle sans m’préoccuper d’son point d’impact pendant qu’j’ouvre délicatement la porte.
Putain ! J’y crois pas la meuf ! C’est la cabine d'Peggy la Cochonne ou quoi !?
Bon j’regarde pas ça va m’faire gerber tout’c-rose !
Voilà l’armoire, rah, j’ose pas l’ouvrir. J’risque la symcope là, ya pas idée d’se foutre les boules comme ça !
Allez prend sur toi ma grande, t’as connu des pires moments. Essaye de t’rappeller la fois où t’as surpris ta mère sous la douche. Ya pas pire j’te dis ! Si t’as survécu à ça c’est pas une armoire pleine de robes rose bonbon qui va t’faire clampser !
Je pose les deux mains sur les poignées, ferme les yeux et d’un geste ample ouvre en grand les deux battants. Faut encore ouvrir les yeux là !
Ah oui, mince ! Bon un œil après l’autre alors ..
Putain non les deux à la fois ça ira plus vite !
Oh ! Ouah ! J’en perds la voix ! Oh ! J’ferme là j’fais quoi ?
Oh mon dieu ! J’me sens mal là, l’rafot a appareillé ou quoi ? Oh ça tangue.
J’prend sur moi, j’respire, ouah, c’est dur là ! Et l’pire c’est qu’c’est même pas rose la dedans ! C’est comment dire … affreux, oui c’est ça affreux ! C’est vieux, ringard, j’sais pas mais personne n’s’habille plus comme ça quand même !
J’tente de pousser quelques fringues histoire d’voir l’ampleur des dégats quand j’tombe sur un ensemble soutif culotte - putain même les portes jartelles y sont - qui semble être pour les grandes occas. Putain oui, c’est choquant dans tout s’fatras un truc aussi mignon. Allez j’essaye. M’en voulez pas des fois il faut appliquer l’système D quand vot’e vie est en danger.
J’me débarrasse de mes atours et m’faufille dans les trucs affriolants qu’j’viens d’dégoter.
Une glace ! J’veux une glace ! Mais non j’ai pas faim, j’veux m’mirer !
J’me rappelle tout à coup qu’le miroir est collé sur la porte de la pend’rie. Je referme un battant, évidemment c’était sur l’autre.
Coooool ! Ouah c’que ça m’va bien c’truc !
Bon c’est pas tout ça, j’peux pas m’ballader comme ça non plus ! Bien que …. Non, quand même. Un d’sus alors. Alors j’la rouvre la caverne d’ali baba ? Elle doit bien avoir un costume ‘j’te met l’crapin d’sus’, un truc qu’elle met une fois l’an histoire d’se dire j’lai sorti d’l’armoire pour l’aérer un peu.
Allez j’replonge dans l’tas d’fringues, si j’sors pas dans cinq minutes, et bien, euh, ben rien. Putain non m’faites pas ça, lire dans les manchettes ‘mort d’Axelle Boregard dans une armoire baignée de naphtaline’ j’peux pas ça ! Euh, c’est vrai que j’risque pas d’le lire ...
Bon passons, j’y vais !
Brasse papillon ? Non juste la brasse coulée.
Oui ! J’émerge de l’armoire les ch’veux en vrac, un peu sonnée par cette apnée prolongée, et en sort une robe mes aïeuls, putain j’vous dis pas comme elle est belle celle là !
J’me l’enfile vite fait et ressort de la chambre. Putain j’suis vivante, ouah l’épreuve !
[hrp : dans les coursives]