Chapitre 1: Genesis, ou comment se lever de bon matin
Il était une fois, un étrange clan, ou plutôt devrais-je dire, une étrange famille. Cette famille réunissait des individus aux mœurs bizarres, aux maladresses reconnues et d’une grande bonté pour son prochain, venant de nulle part et partout à la fois. Et cette communauté d’hippie, d’ours mal léché, de ménagère attentionnée, de beaux parleurs, de vieux et autres parias vivait ensemble, dans une agréable vieille bâtisse. Mais comment pouvait vivre ce zoo, sans que sa population ne s’entre déchire ? Voilà peut être une première explication, avec le zigoto le plus abrutis de cette volière…
4h30. Le soleil n’est pas encore levé sur les terres glacées de Dusso. Par contre, un mage au corps magnifique, à l’intelligence resplendissante, à la sexualité désinhibé et au charisme envoûtant ouvre les yeux. La chair de poule se dessine ses avant-bras. Ses yeux se referment, fatigué du peu d’exercices qu’ils ont fait. Il se rendort…
6h30. Genesis pose enfin le pied gauche, puis le droit, sur le sol. Le parquet grinçant propage son odeur de moisit dans l’atmosphère nauséabonde, mais encensé de la chambre. Il se gratouille l’endroit qu’il utilise le moins de son anatomie, et esquisse une moue triste… Et oui, c’est pas encore aujourd’hui qu’il pourra se faire appelé l’Apollon des terres argentées…
Il se dirige vers le miroir, au fond de la pièce. La réalité apparaît à ses yeux !! Jamais il n’a possédé un corps magnifique, une intelligence resplendissante, une sexualité désinhibé et un charisme envoûtant (sauf peut être pour les mites qui habitent ses robes). Il ne voit qu’un corps banal… Tout ce qu’il y a de plus banal…
Bref, sitôt l’inspection quotidienne effectué, il se dirige vers la sortie de sa chambre, lévitant au-dessus des robes sales et tâchées de sang. Il saisit la poigné, puis tire. La poigné reste dans sa main, la porte reste fermée…
Zut, j’en ai marre bordel…
Il jette son trophée au loin, à l’autre bout de sa chambre, sur la pile de courrier croupissant et éternellement fermé. Il sort, en essayant de ne pas arracher la porte de ses gonds.
Il voit en face de lui la chambre de son Voice d’amour, laissant échapper des voluptés de parfum agressant ses narines fragiles. Il se dirige à droite, pour rentrer dans les toilettes. Une fois libéré de son concentré de déjection, et après avoir embaumé ce petit déversoir à crottes d’un parfum senteur « Pin vermoulus vieux de 1300 ans ayant finit en bois de chauffage », le nudiste revient sur ses pas, pour mettre quelque chose sur son dos, et protéger ses fesses du froid intense.
Glissant sur le tapis, jonchant le sol entre sa chambre et celle du beau parleur, il tombe à la renverse et se met à glisser, vers l’escalier.
Aïe, aïe, aïe, aïe…
Descendant les marches, ponctué à chaque fois de ces petits « aïe », il ne parvient pas à s’arrêter. Sa course pourtant s’achève, lorsqu’il percute enfin quelque chose. Ce quelque chose s’écroule, à grand renfort de bruit divers et variés. Le nudiste s’aperçoit, après s’être remis de ses émotions, qu’il vient de tomber nez à nez avec sa chère maman, équipé de ses magnifiques gants de cuisine en peau d’effrit et de son tablier brûlé…