Un craquement…
Lokky se réveilla en sursaut. Il bondit de son lit comme un possédé et attrapa une arme qu’il brandit devant lui. Il scruta l’obscurité. Il n’y avait rien, rien que l’air devant lui. Personne… Que lui arrivait-il, jamais auparavant il n’avait eu de scènes de folie comme telles. Il avait peur de tout, son esprit amplifiait toute chose, il avait peur de tout. Il remuait de sombres pensées quand il sortit dehors. Maussade… Seul mot pour définir le ciel.
Il devait se concentrer, arrêter de penser à tout cela. Aujourd’hui était un jour important pour l’elfe. Il allait essayer de combattre les dragons d’argent et essayer de passer sans aide aucune dans la ville dite céleste. C’était le but ultime de sa vie. Il s’était entrainé jour après jour ç l’attente de ce moment. Peut-être y avait-il accordé que trop d’importance. Il se sentait fatigué et malade, mais content d’avoir progressé. Il se sentait prêt, le combat serait probablement difficile, mais il y arriverait.
Il termina de se préparer, et sortit, sans rien manger, son ventre noué. Il se concentrait déjà. Son sommeil n’avait pas été reposant, ça ne l’aidait pas…
Il rejoignit ses amis, qu’il avait invité à le suivre dans l’ultime ville.
Après les phrases habituelles, ils partirent. Cela ne servait à rien de prolonger les discours.
Long fut le chemin jusqu’aux dragons. Le soleil coloriait déjà l’horizon de couleurs orangées. La lumière baissait, la nuit approchait, le combat approchait, l’arrivé à la ville approchait… C’est alors, qu’il les vit, dans la lumière déclinant… Ils paraissaient encore plus terribles, mais ce n’était pas le moment d’abandonner et de se décourager. Le mage avança, il marchait vite pour ne pas tourner les talons.
Un dragon bondit, il l’évita de justesse, mais ses griffes lui entaillèrent le dos. Le combat était lancé. Il se concentra et lança ses sorts les uns après les autres, sans tenir compte des coups que les dragons lui infligeaient. Ses forces faiblissaient, la fatigue accumulée se ressentait. Il commençait à se sentir mal. Mais, il surmontait tout cela, il était là pour réussir, seule cette pensée le fit continuer, oubliant le reste. Plus que trois… Deux dragons passés… La bataille continuait.
Une douleur aiguë au bras. Le dernier dragon lui avait presque arraché le bras gauche. Le sang coulait en flot continu. Il eut la force de tuer le dernier dragon. Enfin, il l’avait fait ! Il s’assit par terre. De sa main restante il toucha son bras… Il déversa ses soins… Le sang ne coulait plus, mais cette blessure prendrait du temps à se refermer. Ses amis arrivaient, il avait réussis. Ces mots tournaient dans son esprit. Il ne put s’empêcher de sourire. Mais cela cachait son état. Il avait du mal à se lever, sa vue se voilait. Trop de combats passés, trop d’entrainements, trop peu de sommeil, la maladie le gagnait. Il avança vers la ville, son but ultime. La main tendue devant lui, il avançait comme un mort-vivant. Peut-être avait-il atteint cet état. Ses sens s’engourdissaient, il ne percevait plus rien. On lui parlait, il ne savait plus répondre. Il était dedans, il avait dompté les terres argentées, ou alors, ne serait-ce pas le contraire ? Ces terres s’étaient jouées de lui, il avait voulu tout découvrir, mais y avait laissé une partie de sa vie. Il s’effondra, ses jambes ne retenant plus son corps. Il regardait au-dessus de lui les visages inquiets. Il donna ses dernières forces. Il déclara d’une voix très basses…
J’y suis mes amis je l’ai fait. Ma vie est comblée… J’ai grandi aux milieux d’amis que vous êtes, au milieu d’un monde incroyable, mais qui a eu raison de moi. J’ai trouvé l’amour, un bel amour que j’aurais voulu continuer plus longtemps…
Il tourna son visage vers Rowena. Une larme commença à couler sur son visage, il était triste au fond de lui…
Rowena, sache que même la mort ne me fera pas oublier la douceur de ton visage, tu resteras à jamais en moi… Je t’aime à jamais…
Je m’en irai donc ici, ce lieu que j’ai tant convoité…
Sa vue se voile, comme si on apposait un drap blanc devant ses yeux… Sa voix diminuait, sa respiration se faisait plus dure. Il regarda le ciel, qu’il rejoindrait vite…
Je n’ai rien à regretter, tout m’a sourit… Je m’en vais en paix.
Il déclara dans un dernier souffle, son dernier en tant que vivant…
Sans vous, je ne suis rien. Mer…merci de… m’avoir f…ait vivre…
Ses yeux ne pleuraient plus, il mourrait heureux. Son souffle se coupa, ses yeux se fermèrent sur ce paysage. C’était fini, il avait eu une vie pas très longue, mais suffisamment longue que pour avoir tout vu. Son esprit s’en alla, vers le ciel…Il rejoignait tous ceux qui étaient déjà morts en ces terres…